"tout le monde parle de cette insurrection de mars comme d’un événement d’importance et tous évoquent ce soulèvement qu’ils ont dû réprimer comme avec une sorte de tendresse"
Le 17 mars, le gouvernement communiste a achevé sa "victoire" sur le prolétariat de Cronstadt et le 18 mars, il a commémoré les martyrs de la Commune de Paris.
C’est là sans nul doute l’une des raisons essentielles des nombreuses erreurs et fautes que nous avons commises dans notre politique de cette année, et dont nous pâtissons aujourd’hui.
Le fait que la révolte de Cronstadt coïncide avec la signature imminente de la paix avec la Pologne et avec celle de l’accord commercial avec l’Angleterre, n’est évidemment pas le fait du hasard.
La question qui domine aujourd’hui tout le débat est en substance celle-ci : Quand et comment le bolchevisme a-t-il commencé à dégénérer ?
Je dédie ce texte
Aux marins de Kronstadt.
A ceux qui versèrent leur sang lors de la Révolution de 1905 pour l’émancipation complète du Prolétariat du joug du Capital et de l’Autorité,
A ceux qu’on fusillait par paquets pendant les jours de la réaction,
A ceux qui luttèrent en février et en juillet 1917 contre les maîtres du monde,
A ceux qui défendirent comme un seul homme la Révolution durant la réaction kornilovienne.
A ceux qui participèrent fièrement et audacieusement en octobre au triomphe de la Révolution Sociale,
A ceux qui s’étant laissés abuser par les slogans de « l’Etat prolétarien », levèrent bientôt leurs armes contre les nouveaux maîtres : les bolchéviks, au nom de la III ème Révolution - de l’authentique Révolution Prolétarienne.
Que l’idéal pour lequel vous avez combattu soit piétiné dans la fange par le nouveau pouvoir barbare,
Que les combattants pourrissent dans les prisons, dans les sous-sols de la Tchéka, ou en déportation,
Mais le jour viendra, et il approche, dans la lumière éclatante du combat victorieux, lorsque les créateurs de la vie jetteront bas le joug de l’Autorité, lorsque retentira le nom de la Liberté à la mémoire de ceux qui périrent sur la route menant à la société des hommes libres : l’ Anarchie.
E. YARTCHOUK.