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les révolutions de 1917 à 1921
La boucherie de la guerre de 14-18 accouche d’un monde qui se révolte.

La boucherie de la guerre de 14-18 accouche d’un monde qui se révolte.

Ch. A. Julien - Souvenirs de Russie - 1921

Charles-André Julien, né le 2 septembre 1891 à Caen1 et mort le 19 juillet 19912 à Paris. Il fut, un historien et journaliste français, spécialiste de l’Afrique du Nord (Maghreb) et militant anticolonialiCRONSTADT [1]ste. Wikipedia

Les 22, 23, 24 février 1921 : faim se généralise à Petrograd ; suppression des payoks [2] aux fonctionnaires responsables, diminution de toutes les rations en général ; augmentation des prix ; pain disparaît du marché. Journaux font pressentir arrêt des communications entre Petrograd et Moscou. Soldats affamés arrêtent voitures de pain, gens chargés de paquets dans les rues pour leur demander du pain.

Grèves à Vassili Ostrof. Le 26, état de siège. Le comité de la défense dénonce par affiches les agents de l’Entente. Bruit court que la troupe a tiré sur les ouvriers à Vassili Ostrof.

Le 27, les journaux publient qu’une commission sans parti a certifié que non seulement les aspirants n’ont pas tiré mais ont été désarmés eux-mêmes par la foule.

On distribue en toute hâte draps, chaussures et viande, derniers stocks.

1er mars : troubles à Moscou.

2 mars, à 11 heures du soir, Zinoviev réunit à Astoria les militants qui y habitent et fait connaître que Cronstadt est au pouvoir du général Koslovski.

3 mars au matin, des affiches dénoncent le nouveau complot des Blancs et que tout rassemblement sera dissipé par les armes.

Impression générale excellente. Etat d’esprit unanime pour écraser les Blancs selon les nouvelles données.

Le 4 au soir, réunion du Soviet. On commence à pressentir que pas de Koslovski, car des délégués ouvriers sympathisants de Cronstadt y donnent lecture des revendications des insurgés ; (cf. Charte). Néanmoins, version officielle maintenue. On affiche mise hors la loi de Koslovski, capitaine Boukser et leurs complices.

Le 5, ultimatum à Cronstadt : ceux qui ne se rendront pas à merci seront fusillés jusqu’au dernier.

7 au soir, commence le bombardement. On se canonne de part et d’autre.

Le 10, l’attaque contre Cronstadt est repoussée avec pertes, après 15 verstes de marche sur la glace. Population nettement sympathique à Cronstadt.

Le 12, ouverture du Xe congrès [3] qui mobilise un tiers de ses membres. Lénine fait connaître, le 12, suppression des réquisitions et impôt alimentaire. Le Soviet de Petrograd avait affiché, le 10, que tout obstacle au ravitaillement des villes par ? serait supprimé.

Le 12, j’apprends que le Comité revient de Cronstadt = deux anarchistes, deux socialistes, deux révolutionnaires, deux ou trois mencheviks et d’un plus grand nombre de communistes et de sans parti.

Cronstadt bombarde intensément le littoral aux environs de Petrograd : Sestroretzi et Orianenbaum.

A ce moment, prix des vivres à Petrograd :

Pommes de terre : 45 à 50 000 livres le pound, sucre : 25 000 livres la livre, beurre : 20 à 20 000 livres la livre, œufs : 1 200 livres la pièce, pain : 2 500 à 3 000 livres la livre. Beaucoup d’arrestations de socialistes révolutionnaires de gauche, de socialistes révolutionnaires tout court et d’anarchistes. Id. pour perquisitions. Le 17, canonnade intense.

À 11 heures, les Rouges entrent à Cronstadt, à 3 heures, bataille des rues et résistance acharnée, la bataille avait duré de 6 heures du matin à 10 heures du soir.

Le 18, cinquantenaire de la Commune : en 1re page de la Pravda, portraits des communards et, à côté, annonce de répression de Cronstadt.

Les 160 communistes prisonniers sont tous retrouvés sains et saufs.

Les techniciens attribuent la prise facile à ce que les officiers à Cronstadt ne se sont pas intéressés à la défense : par exemple, glace non brisée en nombre d’endroits. Ce sont les marins qui ont défendu le plus longtemps le Pétropavlosk et le Sébastopol.

Le 17 au matin, quelques instants avant assaut, un régiment rouge amené de Pologne avait tourné ses canons contre Petrograd. Répression immédiate.

Le 19, Dibenko (le mari de Kollontaï, un ex-marin, syndicaliste) nommé par le gouverneur de Cronstadt. Le 19, Lénine, dans un discours, annonce liberté du commerce et du troc dans les campagnes, etc., liberté d’échanger - et liberté des coopératives.

Dans les trois jours, paix signée en Pologne, alliance avec Turquie, traité de commerce avec l’Angleterre, effondrement des mencheviks en Géorgie.

Le 22, on affiche que le tribunal révolutionnaire de Cronstadt a condamné 13 mutins du Sébastopol à mort. Exécutés immédiatement.

24, décret garantit aux petits paysans jouissances de leurs biens.

25, séance du soviet. Le président de Commission extraordinaire de Petrograd, Komarov, fait rapport sur événements de Cronstadt. L’origine des événements à Cronstadt, sur prétendus fusillades d’ouvriers à Vassili Ostrof et Petrograd, par Conseil commissaires du peuple. Kalinine et Kouzmine, envoyés par Comité de Petrograd, font savoir que mots d’ordre du mouvement sont : lutte contre sphères dirigeantes du parti communiste ; pour les soviets contre les communistes.

Le 3 mars, Comité révolutionnaire élu à Cronstadt de neuf personnes puis quinze. La responsabilité du mouvement incombe, d’après Komarov, aux socialistes révolutionnaires, aux mencheviks et aux anarchistes. On le prouve en montrant des manifestes clandestins en faveur du mouvement publié par ces partis à Petrograd.

Le membre du Comité révolutionnaire de Cronstadt : Perepelkyn, dit que Tchernof avait envoyé un délégué à Cronstadt promettant des secours immédiats à condition que l’on se prononçât pour Assemblée Constituante. Comme on ne voulut pas décliner absolument offre de secours, ni accepter Constituante, réponse fut différée de douze jours.

A Cronstadt, plusieurs centaines de communistes sont sortis du parti et se sont ralliés au mouvement. L’organisation communiste de Cronstadt tout entière dissoute pour être reformée par décision du parti (fin du rapport de Komarov).

Le 26, décret du Conseil des Commissaires du Peuple sur emprisonnement : maximum de peine : cinq ans (au lieu de perpétuelle). On pourra demander libération à demi-peine.

Le 29, décret sur liberté de commerce du blé, froment, avoine et pommes de terre et réouverture des marchés.

Les 28-29, arrestation de vingt-sept anarchistes à Moscou, par application immédiate des décisions du Congrès du parti.

1er avril : décision de rouvrir les marchés et bazars - baisse d’environ 40 à 50 % (?) : beurre passe à 14 000 R la livre (aujourd’hui 24 juillet : 30 000 1.).

RÉPRESSION DE CRONSTADT

On n’a pas commencé tout de suite la répression. Kalinine est allé leur parler, avant. Beaucoup critiquent son rôle. Il aurait traité de "Blancs" de vieux ouvriers qui sanglotaient. Ce sont les fautes d’avant et du commencement qui sont les plus graves.

On n’aurait pas dû les massacrer quand ils ont commencé à se plaindre. Vassilief, le président du Soviet de Cronstadt, demandait conciliation.

Le cas de huit Finlandais du Comité central. Ils ont été fusillés (Raymond Lefebvre alla aux funérailles) par l’opposition dans leur propre parti. Une conférence du parti finlandais s’est tenue à Petrograd. Le Comité central (dont Raga ?) en minorité. Il dissout la conférence. Puis donne sa démission. Zinoviev le renouvelle provisoirement. Un jour, opposition arrive, les trouve en séance, les fusille. Ils se constituent ensuite prisonniers. On ne sait pas ce qu’on en a fait. Sans doute les a-t-on relâchés. Dans tout cela, Comité central au-dessus de tout.

Dans la Volga il y eut des mouvements spontanés pour les mêmes raisons.

Antchnof (?), chef de bande la région de Toula, S.R. depuis 1905. Devenu bandit. On n’a pu le prendre.

Etat féodal de fait : armes féodales, massues, tromblons, fusils ; et puis otages, supplices. Cf. Makov (Makhno ?).

ANARCHISTES 

Les échanges : pour un paquet de cigarettes ont obtient deux ou trois œufs.

Vera est allé demander une boîte de lait Nestlé. On l’a fait circuler, deux heures durant, dans quatre bureaux, et on lui a fait donner une dizaine de signatures. On lui a donné enfin un bon pour aller toucher la boîte le lendemain, à une heure de marche.

Impression : bureau plein de fonctionnaires qui travaillent peu. On fait beaucoup de bruit ; on cause. Pas d’impression d’activité.

19 heures. — Sirolle nous amène à une conférence des anarchistes. Conférence médiocre d’un nommé Esquiro (?), puis intervention de Chapiro. Très intelligent, clair et châtié, s’exprimant avec mesure et habileté.

Il ne pénètre pas au fond du problème anarchiste. Il se borne à signaler la situation actuelle des anarchistes en Russie. Lénine a déclaré la guerre à "l’idée" anarchiste au Xe congrès. Discours suivi d’emprisonnements. Anarchistes dans Prison centrale, où ils peuvent librement se voir. Le 24 avril, visite de la Commission extraordinaire. Tous les prisonniers politiques sont invités à quitter leurs cellules. Ils refusent, ne sachant pas le sort qui leur serait réservé. Femmes traînées par les cheveux dans les escaliers. Répression sauvage. On les a dispersées en Russie, à Nijni, Vladimir.

Camarades de deuxième prison meurent littéralement de faim. Alors, nous nous demandons : qu’est-ce que dictature du prolétariat ? elle n’est possible que par le parti communiste et, en conséquence, tout autre parti du prolétariat n’a pas le droit de vivre.

Quelle est l’attitude des anarchistes ? Ils disent que tout le pouvoir écon[omique] doit appartenir aux producteurs eux-mêmes mais dans leurs organisations le comité d’usine doit être la cellule et non pas l’organe exécutif d’un certain Comité central. Les Soviets devront continuer à s’occuper de la question culturelle (etc.).

Sirolle demande quel est le pouvoir des organisations syndicales. Chap[iro] répond que, théoriquement, les syndicats ont le contrôle de la production. En fait, tout le pouvoir est aux communistes qui forment les noyaux. Questions sont préalablement discutées par communistes, Aucune question écon[omique] ne peut être décidée autrement. Le noyau communiste propose des listes. Qui peut oser voter ouvertement contre le parti ? Généralement personne. Aussi les comités locaux élisent-ils des communistes. Au Congrès régional, la fraction communiste décide, au préalable, les propositions à faire au congrès. Le vote est acquis. Au Congrès panrusse, d’abord séance des communistes. Les boulangers ont voté pour les anarchistes : ceux-ci arrêtés. Menchévistes sont élus par imprimeurs : syndicat dissous. On casse les élections qui ne conviennent pas. L’indépendance des syndicats ne peut exister en régime de dictature.

Les camarades élus au Soviet de Moscou sont exilés : à la séance assiste le camarade Barnach exilé à 500 km, à Kostroma, par décision de la Commission extraordinaire. Deux autres dans son cas : Warkow et Sokolov, socialistes révol[utionnaires] de gauche, également députés au Soviet de Moscou, sont en prison. Ils étaient nommés par les usines de Kourok, Barnach par l’usine Bromlay. Les électeurs de Barnach ont protesté contre son expulsion. Les délégués qui apportaient la protestation ont été arrêtés (renseignements fournis par Barnach).

Chapiro confirme que, depuis le 10e congrès, marche à droite. Le mot d’ordre : il faut sauver la Révolution ; parfaitement, mais pour les communistes, révolution = parti. Le parti sera sauvé, mais il y aura un double capitalisme, le capital d’Etat et le capit[alisme] d’une petite bourgeoisie.

Nous avons le droit de dire que tous les révolutionnaires doivent prendre une part égale au travail et dire leur mot dans l’intérêt de la révolution.

Delagrange demande s’il n’y a pas danger qu’un parti critique le parti qui a la responsabilité. Certes, il y a un pas en arrière, mais c’est une nécessité tactique. Ne pourriez-vous le comprendre ? Je veux croire qu’on sévit parce qu’il y a quelque chose et non par esprit de répression. Je voudrais que vous essayiez de trouver une entente avec les communistes.

Chapiro. — J’espère que Delag[range] remettra cette demande au parti communiste. Pendant la lutte impérialiste, nul d’entre nous n’a critiqué le régime. Nous avons été les premiers à nous sacrifier pour la Révolution mais, après la disparition des armées ennemies, quand on pose la question de reconstitution économique, si nous jugeons qu’il y a erreur, nous voulons opposer nos conceptions. S’il y a danger contrerévolutionnaire, nous serons à nouveau unis. Mais nous réclamons la liberté de dire toute notre pensée dans l’intérêt de la Révolution.

Minuit. — Discussions du rapport du parti à la délégation. Fatigué, je me couche sans y assister.

14 juin. — La question de l’électrification. Le projet des eaux du Ladoga, réalisable mais déjà présenté durant la guerre, sous tsarisme. Pour le reste : Ch[emin] de fer, éclairage, travaux agraires, le tout par la tourbe, est vraiment gigantesque. Hésitations de certains techniciens devant un si grand espoir. Mais on n’a pas le droit d’en douter. C’est le cas de Trotsky. Mais il n’y aura jamais de conflit.

PAYOK 

Après la socialisation absolue de janvier-février 1921, le ravitaillement devint si difficile que sévit le marché noir. Il fallut faire marche arrière en autorisant les marchés libres et en augmentant les salaires. A l’époque de la réglementation stricte, le citoyen, immatriculé dans une organisation professionnelle, recevait un payok, c’est-à-dire une ration en nature qui variait selon les catégories :

[1] — payok diplomatique pour diplomates, étrangers, hôtes du gouvernement, hauts fonctionnaires ;

[2] — payok semi-diplomatique pour ouvriers dits responsables, employés du gouvernement et travailleurs de certaines usines ;

[3] — payok ordinaire ;

[4] — payok des malades : le payok ordinaire augmentée d’un supplément.

Touchaient également des suppléments : les soldats, les ouvriers de choc et les travailleurs de nuit.

Mais il s’agit là d’une répartition idéale, jamais réalisée. Si, par exemple, la viande manquait, elle était remplacée par du caviar, des poissons, etc.. Jamais il ne fut possible de distribuer les quantités prévues, d’où la tolérance du marché noir, des cartes fictives de rationnement. Ce fut une transposition dans le régime communiste des Ames mortes de Gogol.

Le payok. Fount = livre = 410 gr. 3 sortes de payok

Catégories 1 2 3 4
forme supérieure 10 livres 10 livres néant 10
forme noire 35 35 30 néant
viande 30 15 7,5 7,5
graisse 5 2,5 1 livre 2
le grain pour ? 15 7,5 5 5
produits lactés
fourrage beurre
5 2,5 néant 2
sucre 5 2,5 1 2
pâtes alimentaires 5 2,5 1 néant
sel 1,5 0,75 1 néant
œufs 60 30 néant 20
légumes 45 22,5 30 néant
condiments 2 1 néant néant
fruits secs 5 2,5 néant néant
thé 0,25 0,125 0,25 néant
café 1,25 0,65 néant néant
cacao néant néant néant 1/8 livre
cigarettes 750 375  ? néant
allumettes 10 boites 5 5 néant
savon toilette 2 livres 1 livre 1 livre néant
savon lessive 1 livre 0,5 livre 1/4 livre néant

Pour un mois. 29 mars 1921.

On doit recevoir le poids par mois mais, depuis quelques mois, on n’a pas pu procurer certains produits. Au mois de juin 1921, pas de farine supérieure, pas de graisse. On donne un peu moins que la moitié du poids de viande auquel on a droit (15 pour les diplomates ; 1/2 pour semi-diplomatique). On ne sait pas s’il en est de même payok 3. Presque pas de graisse en juin - pas de produits lactés - pas de pâtes alimentaires - pas d’œufs - pas de légumes - pas de savon.

Les travailleurs de nuit reçoivent un supplément quotidien d’une demi-livre de pain. Ils reçoivent 5 solotniki (4 gr., 26 X 5 = 21 gr., 50 de graisse), id. de sucre et 15 cigarettes.

Pour le reste on se débrouille (dixit quaker) [4].

En avril, à Moscou, les enfants ont reçu

Normale Sanitaire enfants
sous-alimentés
pain 20 livres 20 livres
viande 7 12
cacha 7,5 10
sucre 2 2
fruits secs 2 néant
café 3 lots 0,5 livre
légumes 2l. 13 lots 3 livres
farines diverses
pour suppléer pain
3l. 3/4 2 1/2 l.
sel 1 livre 1 livre
œufs 16 30
beurre 1 l. 1 l. 3 lots

Au-dessous de 16 ans : lot = 3 solotniki = 12 gr., 80

On ne fait rien pour imposer l’obligation scolaire, car on n’a pas d’instituteurs.

Les marchandises arrivent d’Europe. Elles passent en douane. Pour être livrées à Moscou, il faut plusieurs signatures = douane, Tché-ka, chemin de fer, Commission de contrôle du soviet de Moscou, militaires. Si on les envoie à Centrosoües (Union centrale des coopératives), il faut cette signature et celle de la « Société des amis des quakers », c’est-àdire des quakers eux-mêmes.

Au mois de mai, les quakers ont livré pour les enfants des écoles ou les colonies sanitaires de Moscou. Pud = 163 kg., 30. [5]

graisse de porc 459 puds*
cacao 172 puds (1100 enfants
dans écoles forestières
riz 187 puds
oatmeal ? 168 puds
savon 1 796 puds**
lait condensé 57 000 boîtes à 10 000 bébés
au-dessous d’un an
huile végétale 467 puds***
diverses étoffes 9 487 mètres
haricots 12 puds
légumes secs 11 puds
boîtes de chocolat 21
Mellin’s food 300 boîtes

* 4 590 enfants des institutions d’enfants, soit 4 livres russes par enfant
** 1 fount pour chac(un) des 71 850 enfants savon des écoles ordinaires de Moscou
*** distribués entre les maisons d’enfants à raison de 3 livres par enfant

Quakers ont une tradition de pacifisme. Beaucoup de "consciencous objectors". Même avant conscription étaient venus pour faire œuvre de secours aux réfugiés en France. Quinze étaient venus en Russie travailler dans province de Samara (groupe anglo-américain). Ils y sont restés jusqu’en 1918, puis, en raison du blocus, ils ne recevaient plus de produits. Us ont quitté la Russie. Le premier mariage en Russie bolchevique, fait à Buzuluk (Samara), fut celui d’un médecin anglais de la mission et d’une Américaine id. Le consul anglais de Sibérie (Tchita) a voulu douter de la validité du mariage.

Après armistice, travail en Allemagne et en Autriche. En Allemagne, avec lady Hoover, ils donnent, en All(emagne), un repas supplém(entaire) dans les écoles quotidiennement à 800 000 enfants reconnus comme sous-alimentés par comités médicaux. Cela finira vers fin juillet. On le continuera, mais bien moins largement, l’hiver prochain. Us ont aussi mission sanitaire en Pologne.

Depuis deux ans, quakers avaient essayé, en vain, de faire quelque ch(ose) en Russie. Enfin, le gouvernement anglais a permis exportation, puis américain. Au commencement, les Russes les ont soupçonnés (Croix-Rouge américaine avait utilisé son oeuvre humanitaire pour propagande antibolchéviste). Quakers, au contraire, pacifistes et pas hostiles. Pas de propagande), ni relig(ieuse), ni politique. Depuis, relations très cordiales : aide des commissariats.

On n’a jamais perdu un seul arrivage : moins de 1/100° volé. On n’a jamais égaré une caisse. Mais difficultés de l’entrée des gens : les semaines de quarantaine à Reval.

— 200 000 travailleurs du sous-sol ont été mobilisés en Russie : 50 000 tués

— production du charbon en 1920, 10 % de la normale du Donetz. Le programme des extractions doit s’adapter aux nécessités du travail des champs qui occupent en grande partie des mineurs.

Donetz 1921, pour charbon ordinaire (en millions de puds) réparation des mines en janvier, beaucoup de mines détruites sont à réparer :

janvier : 22,35
février : 27,61
mars : 32,87
avril : 22,35
mai : 27,61
juin : 32,86
juillet : 32,88
août : 28,93
sept. : 31,56
oct. : 35-51
nov. : 40,87
déc. : 45,93 1

anthracite : janvier : 12,32 — déc. : 27,3

Production de pétrole à Bakou, 20 % de normale. Les bolchévistes y ont trouvé 10.000.000 tonnes de réserve. L’an dernier, ils ont "exporté" 2 millions de tonnes de pétrole de Bakou en Russie. On compte envoyer cette année de 2 millions et demi à trois millions de tonnes. On l’utilise de façon "barbare" parce qu’on l’a : 1 500 locomotives brûlent du pétrole. On peut le faire venir d(irectemen)t jusqu’à Petrograd par eau (par la Volga jusqu’à Nijni, puis par canaux).

On a commandé 2.000 locomotives en All(emagne), 500 en Suède. La première centaine sera livrée au début de juillet. On arrive à fabriquer des locomotives en Russie, très lentement : 39 dans le deuxième semestre de 1919. On continue depuis.

Les progrès les plus remarquables, sous le blocus, ont été faits dans la T.S.F. et le téléphone sans fil. On fait maintenant toutes les machines de T.S.F. en Russie, ce que l’on ne faisait pas avant révolution. Dans téléphonie sans fil, on peut téléphoner de Nijni à Chita. Etonnement à Berlin quand on a reçu un appel de téléphonie sans fil de Nijni (tout cela dit par Martens).

Les éditions populaires atteignent un maximum de 50 000. Pas de papier.

17 juin. — Revue passée par Trotsky. Une chose frappante : les communistes des quartiers de Moscou défilant avec leurs armes. Ils gardent leurs fusils.