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les révolutions de 1917 à 1921
La boucherie de la guerre de 14-18 accouche d’un monde qui se révolte.

La boucherie de la guerre de 14-18 accouche d’un monde qui se révolte.

Les étapes de la révolution
Izvestia N° 10 - Samedi 12 mars 1921

Voilà quatre ans qu’est tombé le joug tricentenaire de l’autocratie.

Le peuple opprimé et torturé par les gendarmes et les policiers de Nicolas abattit le trône pourri du tsar.

Toute la Russie, riche ou pauvre, se réjouissait de la liberté venue.

Les capitalistes et les propriétaires fonciers jubilaient, car enfin ils allaient pouvoir se remplir les poches sans devoir partager avec le tsar et ses acolytes, tout en dépouillant comme par le passé le paysan et l’ouvrier des fruits de leur travail.

Ils espéraient passer de façon durable le collier au cou des travailleurs en les abrutissant au moyen de l’Assemblée Constituante vers laquelle, lentement mais sûrement, s’acheminait Kerenski.

De cette manière, la bourgeoisie comptait tondre encore longtemps le paysan et l’ouvrier.

Les paysans et les ouvriers inexpérimentés espéraient également la formation de la Constituante sans savoir ce qu’elle réservait aux travailleurs.

L’Assemblée Constituante était le mot clef dans toute la Russie.

Pour peu de temps. Le paysan, Gros-Jean comme devant, attendait que la Constituante résolve le problème de la terre ; quant à l’ouvrier, on l’exploitait dans les grandes largeurs. Comme par le passé, il n’avait pas droit au produit de son labeur.

Les travailleurs de Russie finirent par comprendre qu’ils n’éviteraient pas le joug des propriétaires et des capitalistes, qu’on leur forgeait une nouvelle chaîne : le pouvoir de la bourgeoisie.

Ils perdirent patience, et, sous la poussée des marins, de l’armée, des ouvriers et des paysans, en octobre 1917, la bourgeoisie fut balayée. Il semblait que le peuple laborieux avait conquis ses droits.

Mais le parti communiste, ce nid de profiteurs, s’empara du pouvoir, écartant les paysans et ouvriers au nom desquels il agissait. A l’aide de ses commissaires, il décida d’administrer le pays sur le modèle de la Russie des propriétaires fonciers.

Trois années durant, dans les geôles de la Tchéka, gémirent les travailleurs de la Russie Soviétique. Partout, le communiste dominait l’ouvrier et le paysan.

Le nouveau servage communiste s’instaurait. Dans l’économie soviétique, le paysan se transformait en valet de ferme, l’ouvrier en mercenaire de l’usine d’État, les travailleurs intellectuels étaient presque exterminés. Ceux qui tentaient de protester étaient envoyés à la torture. Et pour ceux qui continuaient de s’alarmer, tout allait plus vite encore... on les alignait contre un mur.

L’atmosphère était devenue irrespirable. La Russie Soviétique s’était métamorphosée en un immense bagne.

Les mouvements des ouvriers et les soulèvements des paysans prouvaient que la patience avait atteint ses limites. Le temps vint de mettre à bas le pouvoir des commissaires.

Kronstadt, sentinelle vigilante de la Révolution Sociale, ne s’était pas assoupie. Elle avait été aux premières lignes en Février et en Octobre. La première, elle brandit l’étendard de la révolte qui alluma la Troisième Révolution des travailleurs.

L’autocratie est tombée. La Constituante n’est plus qu’une légende.

A son tour, il s’écroulera, le pouvoir des commissaires.

Le temps est venu du véritable pouvoir des travailleurs, le temps du pouvoir des Soviets.