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les révolutions de 1917 à 1921
La boucherie de la guerre de 14-18 accouche d’un monde qui se révolte.

La boucherie de la guerre de 14-18 accouche d’un monde qui se révolte.

A propos d’Emma Goldman

EMMA GOLDMAN (1869-1940) est un personnage de premier plan de l’histoire de l’anarchisme et du féminisme. Née en Russie sous le tsarisme, elle connaît dès son enfance les pogroms antisémites, la répression sanglante contre les populistes russes et travaille à l’âge de 15 ans comme ouvrière, suite aux revers de fortune de ses parents. Refusant le mariage que veut lui imposer son père, elle part à 16 ans aux États-Unis où elle épouse brièvement un Américain, ce qui lui permet de s’établir dans le pays et d’être naturalisée. Révoltée par le procès truqué contre cinq anarchistes, puis leur pendaison, à Chicago, en 1887, après l’attentat à la bombe de Haymarket, elle s’investit à fond dans le mouvement libertaire local. Militante infatigable, oratrice talentueuse, elle sillonne les États-Unis pendant plus de vingt ans afin de récolter des fonds pour diverses causes et défendre ses idées. « Emma la Rouge », comme l’appelle la grande presse, combat pour le droit des femmes à l’égalité et à l’indépendance. Elle aide les ouvrières dans leur lutte pour s’organiser en syndicats et obtenir la journée de 8 heures. Vivant chichement de toutes sortes de petits boulots, elle collectionne les arrestations et les peines de prison (près de quatre ans en tout) à cause de ses discours et ses actions pour la contraception, puis contre la Première Guerre mondiale. Emma Goldman irrite les féministes américaines : ces dernières ne comprennent pas pourquoi Emma refuse de combattre pour le droit de vote des femmes et sont scandalisées par ses positions sur l’amour libre, contre le mariage et pour la révolution sociale. Et elle exaspère aussi certains de ses camarades anarchistes : elle ira jusqu’à fouetter, à la tribune d’un meeting, le grand dirigeant anar de l’époque, Joachim Most, avant de quitter dignement la salle, parce que Most refusait de soutenir Alexandre Berkman condamné à 22 ans de prison après avoir tenté d’assassiner un patron de choc.

Avec Berkman, Emma Goldman anime pendant seize ans un hebdomadaire d’agitation Mother Earth (La Terre Mère) qui lui occasionne bien des déboires avec la police et la justice. Son opposition résolue à la conscription obligatoire et ses positions antimilitaristes durant la Première Guerre mondiale lui valent une condamnation à deux ans d’emprisonnement.

Elle est ensuite déchue de sa nationalité américaine (pour y parvenir, le gouvernement américain ira jusqu’à dénaturaliser son premier mari !) et expulsée des États-Unis en 1919 en compagnie de 248 autres militants russes, ouvriers anarchistes pour la plupart. Après un séjour de deux ans en URSS, elle perd toute illusion sur le bolchevisme et réussit à quitter la « patrie du socialisme » avant d’être arrêtée. Elle vit alors en Angleterre, en Espagne et enfin au Canada où elle continue, dans des conditions d’extrême précarité, son combat pour la révolution jusqu’à sa mort, en 1940.

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