Bandeau
les révolutions de 1917 à 1921
La boucherie de la guerre de 14-18 accouche d’un monde qui se révolte.

La boucherie de la guerre de 14-18 accouche d’un monde qui se révolte.

Présentation

Il y a 150 ans, la Commune de Paris était mis à bas par une soldatesque aux ordres de la bourgeoisie française. Cinquante années plus tard, la Commune de Cronstadt est écrasée par des forces militaires obéissant à un nouveau pouvoir issu de la "révolution" d’octobre 1917.

Si la Commune de Paris fait partie de l’imaginaire consensuel, collectif de la gauche, la Commune de Cronstadt, au contraire, brise le consensus victimaire, et met au jour les contradictions de ces forces qui disent combattre pour les libertés.

Le 18 mars 1921, en Russie, s’achève la période révolutionnaire qui s’ouvrit en février 1917. Ce mois-là la faim régnait dans les villes comme au front.

Depuis juillet 1914 les combats entre l’Empire allemand et l’Empire russe faisaient rage. Il s’agit de la partie orientale de la guerre mondiale qui voit s’opposer la Triple Alliance (Allemagne, Autriche, Italie) à la Triple-Entente (France, Grande-Bretagne et Russie). L’armée russe ne s’est pas remise de sa défaite face au Japon en 1905 pour le contrôle de la Mandchourie. Malgré quelques victoires au début de la guerre, les forces allemandes s’enfoncent profondément en territoire russe. Les quelques avancées russes en 1916 ne suffisent pas à compenser le délabrement économique de l’empire tsariste. Partout le désespoir règne.

Le 21 février 1917, Nicolas Soukhanov est assis à son bureau comme tous les matins. A côté de lui « deux jeunes dactylos s’entretenaient des difficultés de ravitaillement, des incidents qui se produisaient devant les magasins, de l’agitation des femmes, de la tentative de pillage de je ne sais quel dépôt : « Vous savez, déclara brusquement l’une de ces demoiselles, à mon avis c’est le commencement de la révolution. Ces jeunes filles ignoraient ce qu’est une révolution, et je ne les crus pas ».

Dès le 18 février les usines Putilov s’étaient mise en grève. Le 22, on comptait 200 000 grévistes et le lendemain la grève était quasi générale. Ce même jour, la troupe tira pour la première fois sur un cortège de manifestants. Un retournement de situation décisif se produisit le 27, lorsque certains corps de troupes se rangèrent aux côtés de la masse révolutionnaire, entraînant avec eux d’autres régiments et privant ainsi le gouvernement de ses éléments de force 18.

Seulement, quatre années plus tard, la répression de Kronstadt annonce la fin de la révolution des soviets (conseils).

Nous mettons à disposition du lecteur deux chronologies, complémentaires l’une de l’autre.

 La première retrace le mois de mars 1921 qui vit Kronstadt s’instituer en commune libre et mener un dernier combat révolutionnaire.

 La deuxième, pour les années 1917, 18, 19, 20 est un résumé de celle que Marcel Brinton, du groupe anglais « Solidarity », avait établi au début des années 1970 et qui fut publié dans la revue « Autogestion et socialisme », cahier N°24-25, septembre-décembre 1973. Cette chronologie était consacrée aux rapports entre bolchevisme et contrôle ouvrier pendant ces quatre années (1917-1921) qui précèdent l’insurrection de Cronstadt.

 Nous avons réunis un ensemble de textes à propos de cette période. Les uns sympathisants, d’autres franchement hostiles. Une bibliographie aussi complète que possible est jointe à cet ensemble.

Nous ne nous sommes pas borné à faire un travail d’archivistes. Nous avons une opinion à la fois sur ce qui s’est passé, sur ce qui suivit comme sur les leçons qu’il est possible d’en tirer.