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les révolutions de 1917 à 1921
La boucherie de la guerre de 14-18 accouche d’un monde qui se révolte.

La boucherie de la guerre de 14-18 accouche d’un monde qui se révolte.

Vaincre ou mourir (réunion de délégués)
Izvestia N°3 - Samedi 5 mars

Hier, 4 mars, à 18 heures, s’est tenue au club de la Garnison une réunion de délégués de ses unités militaires et des syndicats, ayant comme ordre du jour l’élection des membres complémentaires du Comité Révolutionnaire Provisoire, et l’audition de rapports préparés par ces diverses instances à propos de la période en cours.

Étaient présents 202 délégués, la majorité d’entre eux venus directement de leur travail.

Le matelot Petritchenko, président de séance, a annoncé que le Comité Révolutionnaire Provisoire était débordé de travail et qu’il était nécessaire de lui insuffler de nouvelles forces.

Aux cinq membres dont le Comité était alors composé, il convenait d’ajouter d’urgence dix hommes au moins.

A une écrasante majorité et sur vingt candidats présentés, l’assemblée a choisi les camarades suivants : Verchinine, Perepelkine, Koupolov, Ossossov, Valk, Romanenko, Pavlov, Boïkov, Patrouchev et Kilgast.

Conformément à ce vote, les nouveaux membres du Comité ont pris place dans le présidium.

Ensuite, l’assemblée a entendu un rapport détaillé du matelot Petritchenko, président du Comité Révolutionnaire Provisoire, sur l’activité de ce dernier depuis son élection jusqu’à ce jour.

Le camarade Petritchenko a souligné que toute la garnison de la forteresse et tous les navires étaient prêts au combat, rappelant quel enthousiasme les anime tous ensemble et chacun en particulier, ouvriers, soldats rouges ou marins.

Applaudissements nourris de la foule qui a salué une nouvelle fois les membres élus du Comité et la conclusion de son président.

Passant aux choses concrètes, l’assemblée a placé au premier plan les questions du ravitaillement en vivres et en combustibles.

Il est apparu que la ville et la garnison étaient pleinement pourvues des uns commes des autres.

A propos de l’armement des ouvriers, l’assemblée a décidé à la bruyante approbation de ces derniers et aux cris de Vaincre ou mourir !, l’armement général des masses ouvrières auxquelles seraient confiée la défense intérieure de la ville, les matelots et soldats rouges désirant vivement prendre une part active aux détachements de combat.

Ensuite, il a été décidé de réélire dans un délai de trois jours les directions de tous les syndicats, ainsi que le Soviet des syndicats, qui est l’organe dirigeant des ouvriers et demeurera en contact permanent avec le Comité Révolutionnaire Provisoire.

Après quoi, des camarades matelots qui, au péril de leur vie, ont fui Petrograd, Strelna, Peterhof et Oranienbaum pour rejoindre Kronstadt, sont intervenus avec des rapports d’information sur ce qui se passe là-bas.

Il est ressorti de leurs communications que la population laborieuse de ces villes est maintenue par les communistes dans une complète ignorance de ce qui a lieu à Kronstadt.

Des rumeurs provocatrices circulent selon lesquelles Kronstadt serait manipulée par une bande de gardes blancs et de généraux.

Cette dernière information a provoqué l’hilarité générale des matelots et ouvriers de l’assemblée.

Mais c’est dans une humeur plus joyeuse encore que s’est poursuivie la réunion lorsqu’on a procédé à la lecture du « manifeste communiste » qu’un aéroplane a lancé sur Kronstadt.

— Nous n’avons qu’un seul général, c’est Kouzmine, le Commissaire de la Flotte de la Baltique, et il est en prison, a-t-on entendu dire dans les rangs du fond.

La réunion s’est achevée sur une série de saluts et de voeux manifestant la ferme et unanime résolution de vaincre ou de mourir.

Toute la réunion s’était déroulée sous le slogan : la victoire ou la mort !