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les révolutions de 1917 à 1921
La boucherie de la guerre de 14-18 accouche d’un monde qui se révolte.

La boucherie de la guerre de 14-18 accouche d’un monde qui se révolte.

Poltrons & calomniateurs
Izvestia N° 4 - Dimanche 6 mars 1921

Nous reproduisons ci-dessous le texte intégral d’une proclamation lancée sur Kronstadt depuis un aéroplane communiste.

C’est avec un mépris profond que les citoyens jugeront cette calomnie provocatrice.

Les Kronstadtiens savent par qui et comment a été mis à bas le pouvoir haïssable des communistes.

Ils savent qu’à la tête du Comité Révolutionnaire Provisoire se tiennent les meilleurs fils du peuple laborieux, passionnés, pleins d’abnégation : des soldats rouges, des matelots et des ouvriers.

Ils ne permettront à personne de les maquereauter, surtout pas à des généraux tsaristes ou à des gardes blancs.

"Encore quelques heures et vous devrez vous rendre !", menacent les communistes.

Misérables hypocrites ! Qui voulez-vous tromper ?

La garnison de Kronstadt ne s’est pas rendue aux amiraux tsaristes, elle ne se rendra pas aux généraux bolcheviks.

Poltrons, ne mentez pas, ne trompez pas le peuple. Vous savez notre force, vous savez que nous sommes prêts à vaincre ou à mourir avec honneur, et que nous ne détalerons pas comme vos commissaires chargés d’argent tsariste et d’or gagné grâce au sang de l’ouvrier.

***

ILS VOUS ONT EUS !

Aux dupes de Kronstadt.

Vous voyez, maintenant, où ces salauds vous ont menés ? Ils vous ont eus ! Derrière les S.R. et les mencheviks, les ex-généraux tsaristes ont montré les dents. Tous ces Petritchenko et ces Tourine, ce sont le général Kozlovski et d’autres gardes blancs notoires qui les manoeuvrent, comme des pantins au bout d’un fil. Ils vous trompent ! Ils vous ont dit que vous vous battiez pour la "démocratie". Mais deux jours ne se sont pas passés, que vous voyez bien : en fait, vous vous battez, non pour la démocratie, mais pour les généraux tsaristes. Vous vous placez sous la protection d’un nouveau Viren [1].

On vous a raconté des histoires, que Petrograd vous défendait, que la Sibérie, l’Ukraine vous soutenaient. Mensonges éhontés ! A Petrograd, tous les marins jusqu’au dernier se sont détournés de vous, quand ils ont appris que des généraux tsaristes à la Kozlovski vous manipulaient. La Sibérie et l’Ukraine sont fermement attachés au pouvoir Soviétique. Petrograd la Rouge se moque des piteux efforts d’une poignée de Socialistes Révolutionnaires et de gardes blancs. Vous êtes cernés de toutes parts. Encore quelques heures, et vous devrez vous rendre. A Kronstadt, il n’y a ni pain ni combustibles. Si vous vous obstinez, on vous tirera dessus comme des perdreaux. Tous ces généraux Kozlovski et Bourkser, tous ces salauds, les Petritchenko et les Tourine, à la dernière minute, évidemment, ils s’enfuiront en Finlande rejoindre les gardes blancs. Et vous, simples marins et soldats rouges qui avez été trompés, où fuirez-vous ? Si l’on vous promet qu’en Finlande, on va vous nourrir, on vous trompe ! N’avez-vous donc pas entendu dire comment les anciens soldats de Wrangel ont été évacués sur Constantinople et comment, là, par milliers, ils sont tombés comme des mouches, de faim et de maladies ? Le même sort vous attend si vous ne vous ressaisissez pas tout de suite.

Rendez-vous maintenant, sans perdre une minute !

Déposez les armes et rejoignez-nous !

Désarmez et arrêtez vos chefs de bande criminels, en particulier les généraux tsaristes !

A qui se rendra sans tarder, sa faute sera pardonnée.

Rendez vous immédiatement !

Le Comité de Défense de Petrograd